En regardant de près, on pourrait presque entendre le doux bruit d’une respiration rĂ©gulière, voir les mouvements infimes des yeux ou encore sentir la texture de la peau si proche de celle d’un vĂ©ritable enfant. Ce sont les bĂ©bĂ©s hyper-rĂ©alistes ou bĂ©bĂ©s reborn en silicone, une niche dans l’industrie du jouet qui fascine autant qu’elle dĂ©concerte. Leur prix peut atteindre des sommets, jusqu’Ă 15 000 euros pour les modèles les plus chers. Alors, qu’est-ce qui justifie un tel coĂ»t ? Et pourquoi ces poupĂ©es suscitent-elles un tel engouement ?
Aux origines des bébés hyper-réalistes
C’est Ă Cristina Iglesias, en Catalogne, que l’on doit certaines de ces poupĂ©es plus vraies que nature. Forte de près de deux dĂ©cennies d’expĂ©rience dans la crĂ©ation d’effets hyper-rĂ©alistes pour des films de zombies et de fantasy, elle a fondĂ© Baby Clon il y a une dizaine d’annĂ©es.
Baby Clon propose une gamme de poupĂ©es, des versions infantiles de personnages bien-aimĂ©s comme E.T ou les Na’vi d’Avatar, mais aussi des bĂ©bĂ©s humains. Le modèle de base de la gamme la plus populaire, les nouveau-nĂ©s, commence Ă un peu moins de 2000 euros. Le prix peut augmenter de façon significative avec l’ajout de caractĂ©ristiques supplĂ©mentaires.
Un processus de fabrication minutieux
La fabrication de ces poupĂ©es est un processus long et complexe, qui justifie en partie leur coĂ»t Ă©levĂ©. Il dĂ©bute par la rĂ©alisation d’un prototype sculptĂ© Ă la main, qui servira de moule pour la poupĂ©e finale en silicone. Les artisans de Baby Clon peaufinent chaque dĂ©tail, de la texture de la peau aux plis, en passant par les expressions du visage.
Le silicone utilisé est de qualité médicale, semblable à celui utilisé pour les implants et les prothèses. Ce matériau, qui coûte à lui seul 300 euros par poupée, offre durabilité et réalisme. Une fois le moule prêt, on injecte le silicone, qui est ensuite laissé à sécher pendant 24 heures. Les différentes parties de la poupée (corps, mains, pieds) sont ensuite assemblées avec soin pour garantir un rendu naturel.
Un souci du dĂ©tail poussĂ© Ă l’extrĂŞme
La phase suivante est la plus dĂ©licate : la peinture et la pose des cheveux. Chaque dĂ©tail compte, de la couleur des ongles Ă la texture de la peau. Une attention particulière est accordĂ©e aux changements de teint et aux veines apparentes. L’objectif final est de reproduire au plus proche le rĂ©alisme d’un nouveau-nĂ©, et ce souci du dĂ©tail reprĂ©sente jusqu’Ă 80% de la valeur finale des poupĂ©es.
Au-delà du jeu : des utilisations thérapeutiques et médicales
Si les poupées hyper-réalistes attirent les collectionneurs et les passionnés, elles trouvent aussi des applications dans des domaines plus inattendus. Certaines sont utilisées dans le cadre de formations médicales ou de thérapies pour des parents endeuillés.
Michelle Beacock, une formatrice en obstĂ©trique, utilise ainsi des poupĂ©es Baby Clon pour l’examen de spĂ©cialitĂ© en obstĂ©trique qu’elle enseigne. Selon elle, l’utilisation de poupĂ©es aussi rĂ©alistes est primordiale pour que les Ă©tudiants apprennent Ă identifier la normalitĂ© chez un nouveau-nĂ©.
L’avenir des poupĂ©es hyper-rĂ©alistes : l’IA et l’animatronique
Ces poupĂ©es sont Ă©galement en passe de se doter d’intelligence artificielle. Baby Clon propose d’ores et dĂ©jĂ des poupĂ©es animatroniques, capable de reproduire des mouvements comme la respiration, la succion ou le mouvement des yeux. Pour quelques centaines d’euros supplĂ©mentaires, on peut mĂŞme ajouter un système « boire et mouiller » ou « manger et faire ses besoins », comme un vĂ©ritable bĂ©bĂ©.
Avec ces avancĂ©es technologiques, ces poupĂ©es pourraient offrir des interactions encore plus rĂ©alistes entre la poupĂ©e et l’humain. Mais une question se pose : jusqu’oĂą peut-on aller dans le rĂ©alisme ? Et surtout, jusqu’oĂą sommes-nous prĂŞts Ă aller ?
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